Hypnose de spectacle vs hypnose de thérapie
J’ai souvent rencontré des praticiens en hypnose thérapeutique, qui portaient un jugement très marqué au sujet de l’hypnose de spectacle. C’est un peu comme si il y avait deux types d’hypnoses en opposition, d’une part une hypnose plus noble, estimable, telle qu’on peut la trouver dans le cadre d’un cabinet de thérapie et, en opposition, une hypnose plus condamnable, plus vulgaire, celle qui serait pratiquée sur scène.
C’est tout bonnement un jugement de valeur, une hiérarchisation, qui légitimise l’une et condamne l’autre.
Moi-même un temps, j’ai véhiculé ce type de discours. Alors, bien sûr en tant que thérapeute, j’étais du bon côté !
Heureusement, un jour j’ai réalisé que je me permettais de porter un jugement sans vraiment d’éléments concrets.
Ainsi, je me suis rapproché de ce monde du music-hall, j’ai participé à des formations, j’ai appris les techniques, jusqu’au moment où j’ai estimé disposer d’assez d’éléments pour me permettre d’émettre un avis.
Ce que j’en conclus à présent, c’est que ces deux pratiques sont beaucoup plus proches que ce qu’on peut parfois imaginer. En effet dans les deux domaines, on va trouver une première phase de mise en transe hypnotique, d’induction puis, dans un deuxième temps, cet état modifié de conscience va être utilisé pour en faire quelque chose, une séance de thérapie dans le cadre du cabinet, ou un spectacle sur la scène.
Bien sûr à l’occasion d’une séance d’hypnose éricksonienne, cette première phase d’induction est beaucoup plus longue que ce que l’on peut observer dans un spectacle. Toutefois, on peut très bien trouver un praticien en cabinet de thérapie qui utilise des inductions d’hypnose classique pour gagner du temps sur cette première phase, ou s’il le juge tout simplement opportun.
Pour ma part, je retiens surtout que la différence entre ces deux pratiques de l’hypnose,
la thérapie et le spectacle, c’est le cadre éthique dans lequel va se dérouler la séance. Dans le cadre d’une thérapie, au sein du cabinet, la personne qui vient à la rencontre du thérapeute peut légitimement s’attendre à trouver un lieu sécurisé, qui répond à un cadre éthique dans lequel s’est formellement engagé le praticien.
Sur scène, il n’y a pas forcément d’engagement éthique de la part de l’hypnotiseur. En définitive tout dépend de ses valeurs personnelles, si par exemple il n’a comme valeurs que celles de l’argent, on peut imaginer qu’il puisse être prêt à pousser loin l’expérience pour rendre son spectacle plus fascinant, voire plus croustillant, jusqu’à éventuellement mettre en situation délicate son public, afin de faire plus d’entrées.
Mais à contrario, on peut aussi imaginer un homme de spectacle avec de belles valeurs, avec une réelle volonté de faire partager de belles expériences, d’ouvrir son public à tout le potentiel que recèle l’hypnose, d’attiser sa curiosité, de développer son intérêt, de fasciner et d’interpeler suffisamment pour donner l’envie d’approfondir le sujet.
De toute manière, quelque soit l’expérience, l’important est d’en revenir avec une richesse supplémentaire.
Et alors là, ça devient intéressant !
Source photo : Messmer lors de son passage en télé dans Stars sous Hypnose avec Arthur (source Messmer.ca)